Futur antérieur
AbonnéRefuser l’assignation à une identité sexuelle déterminée pose la question du choix qu’offre une langue. Au-delà du masculin et du féminin, le neutre permettrait d’échapper à une définition contrainte de soi. Convoquons Roland Barthes pour mieux penser ce «désir du neutre»

«Il», «elle»… et autre chose en plus? Le français hésite encore, peut-être parce qu’il n’a pas trouvé la bonne formule (les essais sont encore peu concluants: voir le néologisme «iel»). Qui sait où cela mènerait. L’anglais a pour sa part une bonne longueur d’avance, puisque l’usage de they comme pronom réservé au «troisième genre» vient d’être élu mot de la décennie 2010-2019 par l’American Dialect Society, qui scrute l’évolution de la langue. Comment expliquer qu’un nombre grandissant de personnes, aux Etats-Unis mais pas uniquement, refusent de se reconnaître dans une identité sexuelle fixée d’avance, selon un schéma binaire masculin/féminin dont la langue de tous les jours est à la fois le réceptacle passif et le propagateur efficace?
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